mardi 2 mars 2010

Holderlin, Roud et Séféris, Matthias Pascalis parmi les roses, Georges Séféris


Matthias Pascalis
parmi les roses

Nous demeurons sur place en attendant les ordres.
journaux de Bord

Le sommeil souvent me paraît moins lourd que cette veille
Sans compagnon, cette fiévreuse attente...Ah! Que dire encore? que faire?
Je ne sais plus - et pourquoi, dans ce temps d'ombre misérable, des poètes?
Holderlin (trad. Gustave Roud)
Je n'arrête pas de fumer depuis ce matin; 
Si je m'arrête les roses viendront me cerner
De leurs épines, de leurs pétales en pluie, m'étouffer.
Elles poussent de travers, toutes du même rose,
Elles regardent, guettent quelqu'un. personne ne passe.
A travers la fumée de ma pipe, je les observe
Sur leur tige lasse et sans parfum.
dans l'autre vie, une femme me disait: tu peux toucher cette main,
Elle est à toi, cette rose, elle est à toi, 
Tu peux la prendre
Maintenant ou plus tard, quand tu voudras.

Je descends les marches en fumant toujours.
Les roses descendent avec moi, exaspérées,
Et dans leur attitude, perce quelque chose de cette voix
A la racine du cri, quand l'homme se met à hurler:
"Mère!"
Ou "Au secours" ou les petits cris blancs de l'amour.

C'est un petit jardin plein de roses,
Quelques mètres carrés qui s'abaissent avec moi
tandis que je descends les marches, sans ciel.

Georges Séféris, Poèmes 1933-1955, Gallimard



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