samedi 26 décembre 2009

Trois figures d'oubli, Joël-Claude Meffre


SU, 4

      Sur le coupant de la montagne, dessus, dessus, le monde est renversement de lui-même.  Ciel pèse sur le renversement. Pourtant, ciel c'est rien. Pas même décor. Les voix d'hommes, dans la vallée, vont heurter parfois le front des falaises blanches les plus avancées. Ne sais pas si la terre est miroir ou le ciel reflet, dans les fonds. On peut vivre là, sans qu'on devine rien, chacun derrière ses cloisons, dans chaque pays, sans que jamais on aperçoive la lumière, résister, à l'angle des pierres. 
      Les paysans avancent là en mourant sans bruit.

      La voix d'Aniès, qu'est-ce qu'elle est, dans l'étendue du passé? Qu'est-ce que la voix en moi qui sourd d'elle? Est-elle où, comment, dans ce bout de pays quelconque?

       Tout se dilue dans le travers d'oubli, aucune lumière ne se braque sur un visage que je repétris tant bien que mal, approximatif.

        Aniès tient lieu de rien en moi. (...)

extrait de Trois Figures d'oubli, SU, aux éditions Tarabuste


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