jeudi 20 mai 2010

Deux poèmes d'Emily Dickinson pour une amie partie trop tôt et trop vite,



Si au retour des rouges-gorges
Je n'étais plus en vie,
Au cravaté de rouge donne
La miette commémorative.

Si à peine endormie
Je ne pouvais dire merci,
Tu sauras que j'essaie
De ma lèvre de granit.

L'autre:

Restons donc séparés,
Toi là-bas, moi ici,

Avec la porte entrebâillée
Que sont les océans,
Et la prière,
Et cette pâle nourriture,
Le désespoir!

Ces deux poèmes étaient dans le petit volume d'Emily Dickinson qui se trouvait sur le bureau de Gustave Roud au moment de sa mort. Jacottet raconte dans sa dernière visite à l'hôpital de Moudon, que Gustave Roud les savait par coeur et"qu'il n'avait cessé de les redire au cours des derniers mois, dans la langue originale..." Ici donc que soit honorée, en souvenir des êtres chers, la poésie. Aujourd'hui Philippe Jacottet vient de recevoir le prix Schiller. La poésie reste seule quand tout disparaît. Que la main de l'ange les accompagne...

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