mardi 4 mai 2010



PAS MEME NOUS



« Cher docteur, ça ne me plait pas, mais je te répète ce que je pense depuis des mois et que je ne réussis pas à ne pas penser. Dans cette vie rien n’est assez transparent. Les maisons sont des lieux clandestins et obscurs où arrivent des choses terribles, inimaginables. Certains mangent, d’autres vomissent, fouillent, dorment, se battent, baillent, blasphèment, meurent. Ici on sourit derrière des murs très épais, on bouge sous de grandes carapaces de briques, derrière des portes blindées et des fenêtres infranchissables. Ce ne sont pas des maisons, nos maisons. Ce sont des cercueils remplis de chambres. Tu n’aimerais pas tout reconstruire en verre, brillant et transparent, de sorte que chaque geste soit toujours le même reflété dans toute la maison ? Un jour l’inconscient finira de nous tourmenter. Franchement, on n’en peut plus de Freud et de ses complices, eux qui, à force de déterrer les traumatismes, ont fait de nos existences le cimetière des occasions perdues et des violences inaccomplies. Que tout soit de verre ! Brisons les masques. L’idée d’une intériorité m’est odieuse. Que l’homme possède quelque chose qu’on ne peut voir m’irrite. Surfaces, et ça suffit. Sous la surface, rien ! Pas même nous ».


Extrait des Anime strane, marco Ercolani et Lucetta Frisa, traduction SD

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