lundi 28 décembre 2009

la voix c'est aussi cette feuille trouvée


 

la voix c’est aussi cette feuille trouvée

sur la table au petit déjeuner alors que

tristesse s’était assise à la table inquiète

et puis feuille rousse dépliée un baiser

allège de son poids petit l’ajournée

devenue le temps de l’action et de dire

un jour à construire dans le désir


SD, La voix des hommes/la voix des femmes, inédit

samedi 26 décembre 2009

Trois figures d'oubli, Joël-Claude Meffre


SU, 4

      Sur le coupant de la montagne, dessus, dessus, le monde est renversement de lui-même.  Ciel pèse sur le renversement. Pourtant, ciel c'est rien. Pas même décor. Les voix d'hommes, dans la vallée, vont heurter parfois le front des falaises blanches les plus avancées. Ne sais pas si la terre est miroir ou le ciel reflet, dans les fonds. On peut vivre là, sans qu'on devine rien, chacun derrière ses cloisons, dans chaque pays, sans que jamais on aperçoive la lumière, résister, à l'angle des pierres. 
      Les paysans avancent là en mourant sans bruit.

      La voix d'Aniès, qu'est-ce qu'elle est, dans l'étendue du passé? Qu'est-ce que la voix en moi qui sourd d'elle? Est-elle où, comment, dans ce bout de pays quelconque?

       Tout se dilue dans le travers d'oubli, aucune lumière ne se braque sur un visage que je repétris tant bien que mal, approximatif.

        Aniès tient lieu de rien en moi. (...)

extrait de Trois Figures d'oubli, SU, aux éditions Tarabuste


vendredi 25 décembre 2009

Pour saluer Noël, et le mot naissance


Le temps du poème

Entre chien et loup,
lorsque les arbres en ombres chinoises
dansent sur la musique du vent,
lorsque les visages sans traits
s'identifient à la voix,
que le vin léger prête main-forte
aux péripéties du rire
qui étouffe l'inquiétude,
la céleste magnitude du poème me submerge
et les mots s'approchent à pas feutrés
comme des bêtes peu apprivoisées.

La longue navigation s'entame
sous-marine et nocturne.

extrait de Vous occuperez l'été, de Christian Saint-Paul, paru aux éditions Cardère en 2009

jeudi 24 décembre 2009

Le miracle, de Lokenath Bhattacharya


LE MIRACLE

Une étincelle a surgi dans la chambre. D'où venait-elle? Quel vent l'avait portée? L'homme, assis, méditait, dans la posture du lotus. Protégeant pourtant l'espace autour de lui. Il l'a vue et il ne l'a pas vue.
(...)
Et l'étincelle, écureuil fou, bondit du sol sur l'oreiller. Dans une joie frénétique, elle saute de l'oreiller sur l'étagère aux livres et puis sur le tableau du mur. Dehors enfin: sur le toit.
(...)
Laisse venir maintenant celui qui veut voir de ses yeux comment s'est éteint le feu. Laisse-le s'approcher. D'où qu'il vienne.

Extrait du Danseur de cour, traduit du bengali publié d'abord par les éditions Granit, puis Fata Morgana et enfin  Gallimard en 2000 et conseillé par Marc Petit, un magnifique livre!

mardi 22 décembre 2009

La voix des femmes

avance…murmurant….marmonnant…une langue inconnue…elle,

abordant un continent aveugle…dans la maison incertaine de la voix…

où il ne reste rien…bourdonnante abeille aux yeux bleus résiste à 

l’effacement du paysage…elle…avance…dans l’indécision des nuages  

et le noir des chemins…avance vers la fin de la page ou son commencement

…chuchotant dans la maison…incertaine abeille aux yeux si bleus…

et le ciel…avance…


SD, La voix des femmes, inédit

dimanche 20 décembre 2009

SUR L'ILE DE MES MOTS, de R.Sibille, manuscrit et traduction en coréen

oeuvre de Bang Hai Ja 
manuscrit du poème et sa traduction en coréen

vendredi 18 décembre 2009

Sur l'île de mes mots, Roselyne Sibille


SUR L'ILE DE MES MOTS,

Sur l'île de mes mots
          le ciel est blanc
                   et la montagne attend

Si le thé devient mon encre
         je pourrai peut-être descendre dans la couleur


Roselyne Sibille, Par la porte du silence

jeudi 17 décembre 2009

Préparation d'un petit livret après la venue de James Sacré


Le rouge bien sûr au coeur du poème et de l'image, mais aussi le bleu, la promenade dans le froid et les mots, les lectures dans la chaleur et le partage, tout ça bientôt réuni et offert aux participants de cette nouvelle expérience qui nous a menés jusqu'à Grimpelune, dans les hauteurs boulbonnaises.

lundi 14 décembre 2009

Le désir échappe à mon poème/James Sacré


James Sacré a habité la Petite Librairie des Champs pendant deux jours et nous a insufflé douceur et énergie pour poursuivre l'aventure du poème. Que soient remerciés ici le poète d'abord, ses lecteurs et les autres poètes venus l'écouter! Ce furent des moments vrais que nous avons pu partager et traverser avec les mots et les couleurs de James Sacré et comme on fait un feu, faire poésie ensemble...Encore quelques mots du poète pour nous retenir au seuil de l'année:

"Ce geste qu'on a pour écrire, le désir de toucher à quelque chose de bouleversant et de nu dans le monde: la langue des autres qui est aussi la mienne. Et sans rien savoir de ce qui arrive.
 Quand quelqu'un a lu mon poème, "t'as aimé?" que je demande. Comme si on venait de coucher ensemble, sans qu'on sache si même on était ensemble."

James Sacré, Le désir échappe à mon poème, Al Manar

vendredi 11 décembre 2009

Une idée de jardin à Boulbon en compagnie de James Sacré demain et dimanche 13 décembre


Quelqu'un taille des arbustes dans le jardin serré
Entre la rue et toute une élévation de loggias blanches sur quatre étages à fines colonnes,
le jardin
Déborde sur le trottoir par devant la grille du mur bas,
Agaves, buissons d'oliviers, sorte de néflier à branchages de figuier,
Des arbustes fleuris de rouge, un pin léger, un autre néflier
S'emmêle au laurier rose contre la haute façade, bel encadrement des fenêtres
Festonné de pierre ocre sur le fond passant du gris au blanc.

James Sacré, Une idée de jardin à Beyrouth, Rougier éditeur, 2006

mercredi 9 décembre 2009

Caresse d'écriture à des couleurs, de James Sacré


Comment mettre de la couleur dans
les mots? Les quatre lettres du mot gris
sont bien des traits d'encre noire, et des
taches seraient possibles,   il y a de la 
variation dans la densité du trait...mais
le mot même est sans matière vraiment, 
sinon son peu de bruit et quels rapports
avec des pigments gris?

Mais c'est quand même à cause des couleurs grises de la gravure
que j'écris ces mots. Et la gravure pourrait m'en donner d'autres:
goudron, bitume.

mardi 8 décembre 2009

POUR CAMUS


Prière sur la tombe d’Albert Camus à Lourmarin

 

                                               A René Char

 

 

        

                   S’il vous plait, qu’aucun bruit discordant ne vienne troubler le chant profond des jours et des nuits, du soleil et des orages, des cigales ou des grillons, dans ‘’ l’éternité à Lourmarin’’, sous le dôme d’un ciel de Provence si proche de celui de sa terre natale.

 

                   Ici fleurissent en liberté l’aspic et les genêts. L’air et la lumière y vibrent plus salubres et salutaires que dans la pénombre des voûtes empierrées où pourrissent les lichens de la vanité et de la grandiloquence.

 

                   L’enfant de Belcourt vous en saura gré.

 

 

                                                       Jean-Claude Xuereb   28 – 11 - 2009

 

lundi 7 décembre 2009

Sans doute qu'un titre est dans le poème, James Sacré


...
D'où vient cette maison qui s'en va?
On a le coeur si étroit, la Mésopotamie
C'est tellement loin dans le temps;
On distingue plus ce qu'a été le sens
D'une écriture ancienne, ça disait peut-être déjà
Tant de gestes fous
A travers la peur et le mot dieu, la dilution
A tous les estuaires du monde.
La montagne s'écroule. le coeur qu'on a eu
Est une petite chose calcaire et mouillée
Qu'on écrase.

Sauver la maison veut plus rien dire.
Toute l'entreprise de parler a été ratée.
(...)

jeudi 3 décembre 2009

Comme un jardin (bleu) de SD aux éditions Potentille




REVENIR VERS LE JARDIN DESCENDRE AU PLUS BAS
(...)
ELOGE de l'imperfection charmante
et des pauvres chaussures mouillées
du poème à la rime manquante
perdues dans les raies du potager

TOURNESOLS BRUNS
TOURNESOLS JAUNES

Draps pliés couvertures rangées
et le CRI des paons le soir étonne
celle qui cueille la sauge parfumée

(...)

mardi 1 décembre 2009

James Sacré: une vie en poésie


James Sacré: une vie en poésie

 

James Sacré est né en 1939. Il passe son enfance et son adolescence à la ferme des parents en Vendée. D’abord instituteur puis instituteur itinérant agricole, il part, en 1965, vivre aux Etats-Unis où il poursuit des études de lettres (thèse sur la poésie de la fin du XVIè siècle français). Il y enseigne dans une université du Massachusetts (Smith College) tout en faisant de nombreux séjours en France et des voyages en d’autres pays (l'Italie et le Maroc, souvent). Il a publié des livres de poèmes au  Seuil (Coeur élégie rouge, 1972), chez Gallimard (Figures qui bougent un peu, 1978) et aux éditions André dimanche, ainsi que chez de nombreux “petits éditeurs”. Il vit de nouveau en France, à Montpellier, depuis 2001.

Livres récents: Le poème n’y a vu que des mots, L’idée bleue, 2007. Khalil El Ghrib, Editions Virgile, 2007. Un paradis de poussières, André Dimanche, 2007 . Se os felos atravesan polos nosos poemas, Amastra-N-Gallar (dans une traduction en galicien de Emilio Araúxo ), 2008 (Emilio Araúxo, Apdo. Correos 97, 36500 Lalin (Pontevedra) Espagne). Comme pour être un jardin, Tunis, Tawbad, 2008 (bilingue, texte traduit  en arabe par Saleh Diab). Une idée de jardin à Beyrouth, Soligny-la-Trappe : Ficelle n° 84, Rougier. V éditions, 2008.  Coudre ton enfance à demain, Contre-allées, « Poètes au potager », Montluçon, 2008. D’autres vanités d’écriture, Tarabuste éditeur, Saint-Benoît-du-Sault, 2008. 31 poèmes de l’Amérique un peu, Contre-Pied, Martigues, 2008.