mardi 29 mars 2011

Voix, dans le vert...Paul Celan aujourd'hui, 29 mars


Voix dans le vert
du plan d'eau entaillées.
Quand le martin-pêcheur plonge,
la seconde vibre:

ce qui se tenait à ses côtés
sur chacune des rives
avance,
fauché en un autre tableau.

Voix venues du chemin aux orties:

Viens à nous sur les mains.
Qui est seul avec la lampe,
Pour y lire, n'a que sa main.

Paul Celan, in Grille de parole, traduit par Martine Broda, Christian Bourgois éd.

jeudi 24 mars 2011

Y aura-t-il pour de vrai un matin? Emily Dickinson


Dans votre petit coeur avez-vous un Ruisseau
Où des fleurs timides éclosent,
Où des oiseaux rougissants vont boire -
Et des ombres frissonnent -

Et nul ne sait, tant il coule en silence,
Qu'il y a là un ruisseau,
Et pourtant votre petite gorgée de vie
Se boit là chaque jour -

Eh bien - cherchez ce petit ruisseau en Mars,
Quand les rivières sont en crue,
Que les neiges dévalent les collines
Et que les ponts souvent s'effondrent-
(...)

Emily Dickinson traduite ici par Claire Malroux, José Corti éditeur

mardi 22 mars 2011

De la Goulette, Slaheddine Haddad


"Pas de sens à la mort
N'être là
que pour dresser un bilan
Utile à cette mort
Qui dira de
Quoi elle peut être faite
Serait-elle le début d'une infamie
L'inconnue errante de la vie
(...)"
Depuis la Goulette où il vit, le poète Slaheddine Haddad que la revue Décharge met à l'honneur dans son dernier numéro en lui donnant la parole dès l'ouverture, rend hommage à la vie et à la révolution. Il écrit:

Quel que soit l'endroit où je me trouverai, je sais que ma révolution continuera son chemin et je n'oublie pas de sourire!

Que le sourire du poète ouvre la journée et nous donne envie de poursuivre le chemin, ce serait le souhait de ce printemps.


lundi 21 mars 2011

E.E Cummings, pour ne pas devenir fou...


VII

é
-coute

tu vois c’que j’veux dire quand
le premier gars tombe tu sais
tout le monde se sent mal ou
quand ils envoient des gaz
et les oh chérie shrapnels
ou mes pieds engourdis qui gèlent ou
jusqu’à ton tu sais dans la flotte ou
avec les punaises qui te grimpent
tout partout sur toi moi tous ceux
qu’y ont été savent bien c’que
j’veux dire c’est qu’un sacré tas
de gens ils savent pas et jamais
jamais
ils sauront,
parce qu’ils veulent pas

ça
voir

E.E. Cummings, Font 5, deux extraits de « Deux », traduction et postface de Jacques Demarcq, éditions Nous, 2011, p. 55 et 60.

dimanche 20 mars 2011

Un théâtre, des poètes et des comédiens


Il y a eu.
Il y a eu une lecture/des poètes/ des comédiens.
D'abord un théâtre vide.
Puis des spectateurs.
Le théâtre se remplit.
Peu de musique mais des sons.
Et des mots.
Ceux de la poésie?
Ceux que nous utilisons tous.
Comme des cailloux dans la bouche.
A faire tinter comme grelots.
Chaîne de vélo.
Harmonica, ciseau.
Hier soir à Avignon.
Voix de poètes.
Corps de comédiens.
Nous y étions.

jeudi 17 mars 2011

Samedi 19 mars au Théâtre des Carmes à avignon

lundi 14 mars 2011

Au paradis de l'oiseleur

Pour le Japon, Gustave Roud, Etoile



"Il neige de l'autre côté du monde.
(...)
Le Temps neige de l'autre côté du monde, effaçant toutes ces choses qui sont à lui, comme s'il se niait lentement lui-même : et nous regardons choir cette neige silencieuse, seuls dans la salle basse avec un papillon mort."

vendredi 11 mars 2011

12 & 13 mars PRINTEMPS A LA PETITE LIBRAIRIE DE BOULBON


Avec deux poètes, Jean-Damien Roumieu et Aurélia Lassaque
et aussi les poètes navajos, sioux, cheyennes emmenés par Eliane Berger et la compagnie les Bleus et les Vers!

jeudi 10 mars 2011

Par la sève et le sel, lire Jean-Damien Roumieu


Je suis
à tous les vents
Je suis
sur le qui-vive
Je suis sur le versant
de la vague inversée
Je tiens la mer
sur mon épaule
Je tiens le pari
contre le sel
La rouille
ne viendra pas
corroder
la carlingue

J-D. Roumieu, Par la sève et le sel, éditions de l'Atlantique

mardi 8 mars 2011

Lire la poésie en occitan? De Manciet à Lassaque...


Une très belle expérience de lecture: L'Enterrement à Sabres, en édition bilingue, de Bernard Manciet.
Ici le poète lui-même se traduit et démontre que sa langue poétique n'est pas ce français trop abstrait et peu sonore qu'il utilise pour se traduire.
Et c'est deux lectures de son écriture qu'il nous propose, en nous faisant réfléchir à l'usage de la langue.
Bien sûr, le livre est énorme.
On l'emporte avec soi, tout écorné, rempli du sable de la mer, des coups de crayon pour interroger le texte. On le lit par éclats, fragment remplis d'une densité féroce qu'il faut à son tour retraduire pour s'approprier (un peu) la sauvagerie de la langue poétique.
On retrouve des bribes de la vieille langue et on se les remet à la bouche, pour mieux entendre le poème en français.
On pense à America solitudes de James Sacré, à Aurélia Lassaque que nous recevrons ce samedi à la Petite Librairie.

Clacassejatz e plauditz hemnis de tot ordre de mairam
e de barbots e esqurirots de la mar e sas tiretas
dab tot ço dont i chinca-chinca dehens e las cracas
broishas electronicas o pas - tant com ètz
lo darre numero: lo trin-tran de la nosta vielha
sons fastes soleta e n'i a pas digun autament
Dauna de lana dauna deus morts en pelha morta
perlas ribans pampiulas represas pedaç glaças
ahraga-citron-pintrada au pistolet e grana : lo porèr
acholada quilhada au truc de l'esclop de l'os...

Applaudisse coasse gent femelle dans toutes ses catégories
insectes et grelots de la mer avec ses tiroirs
et tout ce qui cahote dedans et les coquilles
et les sorcières électroniques ou non - femelles toutes ensemble
au dernier spectacle! la gigue de notre Vieille
ses fastes! elle est one woman show
Donne des landes Donne des morts en robe morte
perles rubans franges reprises rapiéçages glaces
fraise-citron - laquée au pistolet en grand: poulailler
accroupi redressé aux cadences osseuses...

On mesurera la distance instaurée par le traducteur entre le poème en occitan et la version française.
Exercice salutaire que seul pouvait mener Bernard Manciet, ici poète et traducteur de lui-même. S'y risque aussi Aurélia Lassaque. Nous ne manquerons pas de l'interroger à ce propos lors de sa venue à la Petite Librairie le 12 mars.
On rêve d'une poésie bilingue où chaque poète serait en mesure d'utiliser deux langues et de proposer dès lors deux versions d'une même écriture.