jeudi 29 avril 2010

La voix qui se perd, pour Alexandra Pizarnik,


La voz que se pierde

Para Alejandra Pizarnik


El dibujo intacto de una boca donde la voz se perdió

donde todavía se pierde

antes de callar

una vez la última intentando decir

con los ojos cegados como la voz

y la boca juvenil también

intentando perseguir

antes de desaparecer en la ceniza y el olvido

todavía intentando

esbozando la palabra

esbozando todavía el gesto de la vida/

ese dibujo tan puro y bello

en el rostro/desastre en el rostro/ruina de una casi

muerta

de una todavía vida

Sylvie Durbec

Boulbon, France

Traducción de Françoise Roy


Gênes, vue par Dino Campana, le poète des Chants Orphiques...


Dans une grotte de porcelaine,
Sirotant du café,
Je regardais par la vitrine la foule monter rapidement,
Entre les vendeuses semblables à des statues, qui offraient
Des fruits de mer avec des cris rauques tombant
Sur la balance immobile :
Ainsi, je t'évoque à nouveau et te revois, impériale,
Montant le raidillon tumultueux
Vers la porte béante
Contre le bleu du soir,
Fantastique de trophées
Mythiques, entre les tours nues à la brune,
Avec, tout autour, qui s'agrippait à toi,
La fièvre de la vie
Originelle : et par les ruelles lubriques de réverbères, le chant
En ritournelles des prostituées.
Et du fond, le vent de la mer, sans trêve (...)

mercredi 28 avril 2010

Ivan Chtcheglov...


Jamais il n'aurait pu croire, un quart d'heure avant dans sa chambre, qu'il éprouverait l'immense soulagement qu'il trouva sur la pelouse. Lui qui avait craint plusieurs fois pendant ces derniers jours de mourir dans la grisaille, les couleurs diminuant d'intensité devant ses yeux, jusqu'à ce que la chambre lui semblât sordide de misère, se retrouva avec des yeux neufs meilleurs que par le passé. Que dire avec des mots de cette sérénité? C'était en bien plus fort qu'il ne l'avait désiré, ce qu'il cherchait avec cette phrase: les internationales sont mortes, les forêts sont l'éternité.  Au pied du cèdre, il pensait à une miniature grégorienne ou sortie de je ne sais quelle édition illustrée des Mille et une nuits, qui représentait un ermite avec son aura, au pied d'un arbre, et dont le titre était: il réfléchissait sur les sublimes paroles. La pelouse sentait le thym et il y avait des abeilles sauvages. C'était l'émerveillement.

Texte de Ivan Chtcheglov, cité dans le beau livre qui lui est consacré chez Allia, 2006

mardi 27 avril 2010

Anime strane/Ames étranges de Marco Ercolani et Lucetta Frisatraduction


 

 

 

 

Tentatives nuageuses

 

Il fait souvent des « tentatives nuageuses », comme il le dit lui-même. Il se met à la fenêtre, se soulève sur la pointe des pieds, allonge le cou, ferme les yeux, puis, doucement, commence à balancer la tête. Jusqu’à ce que tout le corps oscille. Sa mère lui ordonne en hurlant de retourner à ses devoirs. Le beau-père s’isole dans sa chambre. Son frère ricane. Mais lui, obstiné, continue ses « tentatives nuageuses ». Aux psychologues qui l’interrogent à propos de son enfance, il répond en riant : « Moi ? Jamais eu d’enfance. Ces deux hommes et cette femme qui me persécutent, ils en ont eu une. Moi non. Je suis léger. Très léger. »

traduction SD, inédit 

lundi 26 avril 2010

Tique, de Joël-Claude Meffre


"Toujours j'aimai cette colline solitaire(...)
J'imagine d'interminables espaces au-delà
(...)Dans cette immensité s'abolit ma pensée/Et
naufrager m'est doux dans cette mer"
G.Leopardi


1
A quoi ça ressemblerait un visage sans nom, entre vide et plein, suspendu, là, qui se montrerait pour toi seul?

Tu te fais croire que tu connais vraiment ces détours de sentier, par là.

...marche, fais pas de bruit. Comme un fantôme, erre. Tu as la tête en l'air, tu regardes en toi, tu vois rien quand tu avances. T'es dans ton creux de sentier comme dans ton ornière.

Mais tu auras soudain le soudain, le soudain d'un visage. Il se présentera devant toi.

Comment mieux te moquer de toi? Tu crois, qu'un visage, plus féminin que jamais sera là, dans le soudain, au détour?

Oublie que tu marches, oublie tes pas; le chemin dans le sentier te connaît, lui. Regarde droit devant.

Le chemin, tu le connais seulement en t'oubliant, toi qui marches seul; dont la solitude est le chemin.

Tu cherches à dire qu'il n'y a rien à ressasser; que ce visage soudain au tournant du sentier, tu te le fabriquerais dans toi; que tu fonces droit vers une présence qui tient seulement à la nature du lointain (...)

Chemin seul, in Tique, Propos 2 éditions, 2010

dimanche 25 avril 2010

José Angel Valente, toujours


Caer en vertical. Sueno sin fin la caida. Que repentina formacion el ala.

Tomber à la verticale. Rêve sans fin de la chute. Quelle forme soudaine l'aile.

vendredi 23 avril 2010

Fragments d'un livre futur, José Angel Valente


IL Y A un léger éclat tombé
parmi les feuilles de la soirée.
Nous ne pouvons y marcher.
                                                 Donne-moi
la main et traverse avec moi
sur la pointe des pieds
pour n'y jamais repasser,
pour ne pas brûler si frêle
sur ses braises endormies
et lente te consumer
sur le profil de l'air.
(octobre)
José Angel Valente, Fragments d'un livre futur, trad.Jacques Ancet, José Corti ed.

mardi 20 avril 2010

Paroles de fous/Marco ercolani/Lucette Frisa, traduction SD



Quelques extraits des Paroles de fous sur le site de remue.net
http://remue.net/spip.php?article3634






Photo Gustavo Giocosa

D'après nature, WG Sebald, Quand le matin se lève


Pour les amoureux de Sebald aujourd'hui où tout s'arrête, 
et pour l'envol des oiseaux, ces vers:

Quand le matin se lève,
que la fraîcheur de la nuit
s'en va dans le plumage
des poissons, qu'à nouveau
devient visible l'alentour
de l'air, alors je fais parfois
confiance à la paix et
je prends la résolution d'un nouveau
départ, une excursion
peut-être dans une région
pour ornithologues en tenue de camouflage.

lundi 19 avril 2010

Canzoniere ce matin, avec Pétrarque


Sous l'ombre que répand un pin élevé ou une colline, quelquefois je m'arrête: et aussitôt mon esprit dessine sur le premier rocher que je vois le beau visage de Ma Dame. Puis, quand je reviens à moi, je trouve mon sein baigné par l'émotion; et alors je me dis: Hélas! hélas! où es-tu arrivé, et d'où es-tu exilé?


Pétrarque, Canzoniere, C XXIX, nrf/poésie Gallimard

mardi 13 avril 2010

Marcher, avec Heny David Thoreau (1817-1862)


...Je marche dans une nature semblable à celle où marchèrent les anciens prophètes et poètes, Manu, Moïse, Homère et Chaucer. Vous pouvez bien l'appeler l'Amérique, mais ce n'est pas l'Amérique. Americus Vespucius pas davantage que Christophe Colomb ou les autres n'en furent les découvreurs. On en découvre une description plus avérée dans la Mythologie que dans n'importe laquelle des soi-disant histoires de l'Amérique que j'ai lues.
  Cependant il est quelques vieilles routes qu'on peut eprunter avec profit, comme si elles menaient quelque part alors qu'elles sont maintenant presque abandonnées. Il y a la vieille route de Marlborough, qui ne va plus à Marlborough me semble-t-il, à moins que l'endroit où elle me mène soit Marlborough. Je fais montre d'autant plus d'audace en en parlant ici, que je suppose qu'il existe une ou deux routes comme celle-ci dans chaque ville...

Outre l'art de la marche qu'il pratiqua toute sa vie, H.D. Thoreau écrivit de nombreux textes dont La désobéissance civile.

lundi 12 avril 2010

SETE, expo Sur le fil prolongée jusqu'au 2 mai au MIAM

  

 

Sur le Fil 
du 12 décembre 2009 au 18 avril 2010

L'exposition est prolongée jusqu'au 2 mai.

dimanche 11 avril 2010

Avril, mois des oiseaux


Et l'écrire peu/ un peu/à peu
ce quoi dont je ne sais rien
à part ce mot - huppe -
mais pourquoi 
signe le temps
d'un jour
bleu / rouge
entre un poète et un autre
les doigts encore tachés d'encre
trop tôt le matin
le froid avril frissonne
Bonnefoy la dit traversière
comme rue ou maison
plutôt petite messagère
le Coran la salue
la Bible l'accueille aussi
la huppe posée sur une pierre
écrite
a sa façon fauve
de nous saluer en avril
et nous la nôtre
en l'écrivant
la saluons!
De Saba à Salomon
du bleu au rouge
la passagère va

samedi 10 avril 2010

La huppe d'Yves Bonnefoy


La huppe


Yves Bonnefoy 

La notion d'un rouge qui serait bleu, d'un dehors qui serait un dedans, d'un tout cela qui serait un corps que des mains, d'une nature inconnue, cloueraient suant à des coussins de ténèbre, passa gracieusement, huppe dans l'air frais, et vint se percher sur une pierre.

 Rue traversière, 1977

vendredi 9 avril 2010

se dire tu, Anne Marie Soulier


Se dire vous jusqu'à épuisement
Jusqu'à la mort du petit chat Jusqu'au dernier papier de soie où dort encore ce tu
ce tu trop neuf qui se rebiffe cet enfant-tu qui ne sait rien des pays de repos où l'on se supposait,
pour entrer sans secours dans des odeurs nouvelles un froid d'avant-printemps où achève de fondre le chic du dernier gris
pour entrer effrayés de la douceur du sable dans un golfe de lait:
là-bas attend une île
Terre à vins ou ventre à séismes -- il faut célébrer sans savoir
Dire tu, Anne-Marie Soulier

jeudi 8 avril 2010

1° mai à 15 heures au Moulin Brûlé, promenade avec la Petite Librairie


Depuis la Petite Librairie nous irons à la rencontre du fleuve et en chemin, nous dessinerons, prendrons des photos, enregistrerons ce que nous verrons jusqu’au Rhône.

En compagnie d’un artiste qui a fait tout un travail sur les couleurs, David Tresmontant, qui expose en ce moment au Château de Tarascon.

Cette promenade nous ramènera ensuite à la petite Librairie et nous confronterons nos regards et nos trouvailles  que nous partagerons avec David Tresmontant en vue d’une petite exposition.

Sylvie Durbec et Catherine Saison
co/La Petite Librairie des Champs
Le Moulin Brûlé
13150 Boulbon
France
durbec.sylvie@orange.fr
04 90 43 94 82/04 90 47 60 73
06 26 41 70 42

lundi 5 avril 2010

Ecrire, c'est...



Ecrire c'est une façon de penser la huppe

mais aussi le renard

et

le rossignol

et

la pensée du rossignol

et de la huppe

mais aussi 

c'est écrire

le bleu d'un regard

celui d'un renard égaré

dans l'herbe bleue du ciel

SD, inédit, pour Claire.

dimanche 4 avril 2010

Marcher en compagnie de Rebecca Solnit, du Rhône et de David Tresmontant le 1° mai...


A peine terminée, la Petite Librairie pense à l'avenir. Belle soirée autour de l'olivier.
Mais déjà l'esprit est en marche.
Ce sera le 1° mai.
Après marches en ville, il y aura marche en campagne sur les pas de David Tresmontant et avec lui, nous irons voir le Rhône.
Marcher est une manière de voir.
D'apprendre.
Wordsworth, le poète anglais, a compris un peu mieux la Révolution Française en arpentant les rues de Paris, visitant  "tous les coins d'ancienne et de nouvelle réputation", de la Bastille au Champ de Mars.
Mais aussi couvrant chaque jour une cinquantaine de kilomètres à pied :
" Ce fut une marche menée au pas de charge.
devant nous les images, les formes de la terre
Changeaient aussi vite que les nuages dans le ciel.
Jour après jour, tôt debout et couchés tard, 
Nous allions de val en val, de colline en colline,
Passions d'une province à l'autre,
Chasseurs agiles lancés dans une traque de trois mois et demi..."
Pour nous, ce sera plus court mais l'occasion tout de même de recueillir quelques bribes du paysage traversé, les ramenant vers la maison et ensuite les organisant pour en faire quelque chose...
A ce propos, je ne saurais trop conseiller d'ouvrir, en marchant ou restant devant sa fenêtre, l'Art de marcher, de Rebecca Solnit, un des plus beaux livres sur la marche que je connaisse, après Thoreau évidemment, sans oublier Rousseau. La joie de ce matin, c'est à elle que je la dois, son livre à côté de moi, ouvert hier soir et à nouveau ce matin. Et voilà que se retrouve le pronom personnel, alors que banni le plus souvent de ces pages, je l'avais écarté. N'y voyez pas malice, simplement un peu de printemps, primavera, première vérité du monde ce matin.

samedi 3 avril 2010

Aujourd'hui célébration de l'olivier en poésie et en images!


A la Petite Librairie et au Château de Tarascon le plasticien David Tresmontant expose son travail...

vendredi 2 avril 2010

Demain, Susanna Lehtinen montre son travail à la Petite Librairie!


Quelque chose, une image,- je ne sais si c'est vrai - m'est entrée dans la tête, et depuis s'est mise à virevolter.
Je ne peux ni la saisir, ni en être quitte en m'en débarrassant, complètement. Et pourtant, deux tours de gymnastique se sont déjà achevés: lever les bras en l'air, faire danser les jambes, l'effort même pour courir un peu...
Cependant...Pas de relâche, pas encore. Ce qui set entré poursuit sa virevolte.
(...)
Retour de l'image. Toile immense, un ciel entier, d'un bout à l'autre.(...)
Midi, le soleil en flammes, - ou bien est-ce le début de l'après-midi?

Lokenath Bhattacharya, Est-ce le chemin de Bhaironghât, Bois d'Orion éd.

jeudi 1 avril 2010

ON ATTEND LE 3 AVRIL et en attendant...