lundi 26 avril 2010

Tique, de Joël-Claude Meffre


"Toujours j'aimai cette colline solitaire(...)
J'imagine d'interminables espaces au-delà
(...)Dans cette immensité s'abolit ma pensée/Et
naufrager m'est doux dans cette mer"
G.Leopardi


1
A quoi ça ressemblerait un visage sans nom, entre vide et plein, suspendu, là, qui se montrerait pour toi seul?

Tu te fais croire que tu connais vraiment ces détours de sentier, par là.

...marche, fais pas de bruit. Comme un fantôme, erre. Tu as la tête en l'air, tu regardes en toi, tu vois rien quand tu avances. T'es dans ton creux de sentier comme dans ton ornière.

Mais tu auras soudain le soudain, le soudain d'un visage. Il se présentera devant toi.

Comment mieux te moquer de toi? Tu crois, qu'un visage, plus féminin que jamais sera là, dans le soudain, au détour?

Oublie que tu marches, oublie tes pas; le chemin dans le sentier te connaît, lui. Regarde droit devant.

Le chemin, tu le connais seulement en t'oubliant, toi qui marches seul; dont la solitude est le chemin.

Tu cherches à dire qu'il n'y a rien à ressasser; que ce visage soudain au tournant du sentier, tu te le fabriquerais dans toi; que tu fonces droit vers une présence qui tient seulement à la nature du lointain (...)

Chemin seul, in Tique, Propos 2 éditions, 2010

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