mercredi 28 avril 2010

Ivan Chtcheglov...


Jamais il n'aurait pu croire, un quart d'heure avant dans sa chambre, qu'il éprouverait l'immense soulagement qu'il trouva sur la pelouse. Lui qui avait craint plusieurs fois pendant ces derniers jours de mourir dans la grisaille, les couleurs diminuant d'intensité devant ses yeux, jusqu'à ce que la chambre lui semblât sordide de misère, se retrouva avec des yeux neufs meilleurs que par le passé. Que dire avec des mots de cette sérénité? C'était en bien plus fort qu'il ne l'avait désiré, ce qu'il cherchait avec cette phrase: les internationales sont mortes, les forêts sont l'éternité.  Au pied du cèdre, il pensait à une miniature grégorienne ou sortie de je ne sais quelle édition illustrée des Mille et une nuits, qui représentait un ermite avec son aura, au pied d'un arbre, et dont le titre était: il réfléchissait sur les sublimes paroles. La pelouse sentait le thym et il y avait des abeilles sauvages. C'était l'émerveillement.

Texte de Ivan Chtcheglov, cité dans le beau livre qui lui est consacré chez Allia, 2006

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