mercredi 29 juin 2011

Chasse au smouroute!

lundi 27 juin 2011

Trois poèmes d'avant, Muriel Vertischel, édition Hélices





L'écriture droite et régulière ressemblait
à des lambeaux de chair et d'argile
dans l'heure absente du baiser
jusqu'à n'être plus que désir
d'un goût de miel presque douloureux

vendredi 24 juin 2011

jeudi 23 juin 2011

Les foudroyés, Paul Harding, au Cherche-Midi



L'essence véritable, la recette secrète de la forêt, de la lumière et de l'obscurité, était bien trop ténue et subtile pour être observée à l'oeil nu - poche d'eau et de nerfs, miracle lui-même, lui-même si ténu: attrape lumière. Mais le mystère lui-même ne tient pas à la forêt, la lumière et l'obscurité, mais à autre chose, qu'éparpillent mon regard rustre, mon obtuse volonté. L'étoffe composite de feuilles et de lumière et d'ombre et de froissements de vent pourrait s'entrouvrir et me laisser ainsi entrevoir ce qu'il y a de l'autre côté; une couture pourrait se défaire, ou être défaite. Le tisserand pourrait avoir raté une maille dans le feuillage d'un érable à sucre et cette seule maille (...) se serait décrochée sous l'effet du vent qui sans cesse agace les bourgeons blancs et les feuilles vertes et les feuilles orange et sang et les branches nues(...) peut-être, que j'aurais la chance d'apercevoir parmi le feuillage diapré depuis cette charrette à tiroirs et l'agilité d'atteindre en grimpant au tronc argenté et le courage d'écarter en introduisant un doigt dans la déchirure, et qui offrirait à ce simple toucher une once de tranquillité ou de réconfort.

mercredi 22 juin 2011

Un ogre, un attrapeur de rêves, de rats? Un trappeur de la nui?



Certitude inquiète.
Poursuivre.
Aller voir le colossal d'art brut.
Entendre voir.
Ecouter parler.
Incertitude tranquille.
Nain géant. Marc Petit.
Robert Desnos aussi.
Ne pas s'en tenir là, mais ailleurs.
Infini monde fini.
Bonne santé des grands malades.
Ogre tendre, chasseur pacifique.
Le voilà: un ami.
Il avale les mauvais rêves
et en fait des nuages.
Pour la maison des rêves.

dimanche 19 juin 2011

Merci à Claude Favre pour cette lecture forte qu'on n'oubliera pas de sitôt...

" écrire c'est déjà du passé"

Merci à Claude Favre,
à Caroline Gérard,
au musicien qui l'a accompagnée
et
au jardin,
au ciel d'été,
à l'écoute attentive,
à la colline,
aux chats,
à la vie
et à
l'espérance
toujours violente
en ces temps
de misère.

vendredi 17 juin 2011

Demain Claude Favre, les Zicosaures, Joyce à la Petite Librairie des Champs...


C'est par la peau
profuse comme fragments que chute langage

Corps ou corps humain
a encore en moyen-français la valeur d'une
sorte de pronom personnel c'est
quelqu'un une personne humaine

C'est par le corps que le souffle
ravaude écrire c'est déjà du passé

Corps a aussi ses mots infectés
qu'expérimenter

(...)

Claude Favre, extraits des Dits des Morts à vif, alhambra publishing 2011

Guide d'un petit voyage en Suisse, Jean Paulhan



c'est alors qu'il se passa l'événement de ce voyage, le plus digne d'être raconté.
Sous le coup de l'émotion, j'avais couru jusqu'à ma table, où je m'accoudai. J'allumai une cigarette. Le soleil brillait sur les mêmes montagnes, mais je lui trouvais je ne sais quoi de changé. L'on m'apporta une tasse de café, que je bus. Je me disais :" J'ai beau avoir éprouvé déjà pas mal de sentiments, il se peut que le plus étonnant de tous me fasse encore défaut." Ici je me rappelai bizarrement une réclame de pharmacie qui commençait pas ces mots:" Vous sentez-vous tout à fait aussi bien que vous le pourriez?" Ah, voilà. Evidemment je ne me sens pas aussi bien, je ne me suis jamais senti tout à fait aussi bien que je l'aurais pu.
(...)Ici je me sentis le bout du doigt brûlé par la cigarette qui, durant mon absence, s'était fumée toute seule, et je la plongeai pour l'éteindre dans une goutte de café. C'est alors, c'est précisément alors qu'il s'éleva au-dessus de la goutte un petit nuage blanc, exactement rond, de la grosseur d'une bille; c'est alors que le nuage devint plus blanc que la neige, d'une splendeur matinale(...)

j.Paulhan, Guide d'un petit voyage en Suisse, Gallimard, 1947

mercredi 15 juin 2011

Cette vie s'est arrêtée, extrait d'un texte de Michel Chalandon, inédit


Cette vie s’est arrêtée, le regard éclairci est tranquille

Cette image pour vous, ce corps écartelé, cette fin de saison, il chante sur le dos, il meurt dans le sable, il se défait et pose au sol le poids de son fardeau, il avancera plus libre, plus content, presque bien disposé, presque reconnaissant, la vie est reconquise, le sable mord le cœur et les oreilles,

il chante sur le dos et pose au sol le poids de son fardeau. La joue posée sur le pied, il a gonflé, son œil est obscurci, ses lèvres sont closes, il pose au sol le poids de la salive, la tache blanche et rose, le cœur rayé au vent de clair et d’habitudes nées mortes avant, plus de saison, plus de beau temps,

la vie est arrêtée, le cœur respire encore, il a tourné sur lui, il a posé la parole sur la porte, le cœur est descendu, il remonte encore, il cherche et trouve dans une maison froide un hiver en prison, un univers perdu, des vies sans existence, le jour suit le jour, la vie à peine éclose, il a au dos le poids,

de son fardeau, il a posé au sol les larmes les plus tendres, il a fourni au jour des raisons d’espérance, la conquête est là, le temps est poursuivi, sans grandeur, sans taille, sans drapeau, une bannière rayée et perdue, il a léché et le bord et l’assiette, le matin revenu, la peur était brutale, le calme,

la vie finie déjà, sur le dos, la joue posée au pied, tout le poids dans le cœur en haut, en haut, de l’escalier, ils se croisent, ils se doutent, ils ont perdu leur temps, ils ont perdu leur rive, la vie épanouie, effacée, plus de berceaux, plus de fleurs, ils se croisent, ils sont perdus, ils sont mensonges,

et coups de pieds, une éraflure au cœur, un tournant sur l’eau claire, la main posée sur une épaule, sur un cœur endormi, la joue brisée de larmes, des cailloux dans la bouche, des herbes amères, ils ont posé un pied dans un monde, il est mort et il se souvient, il se souvient, tout est ailleurs,

il se souvient, rien n’en est venu, et peut être plus beau, le premier, le dernier, la vie malade à ce point, il est fou, pleure ton sort funeste, une image en haut, une image en bas, cette image pour vous, ce corps écartelé, sur le dos, la joue sur la chaussure, le cuir est acide, la joue a gonflé,

vendredi 10 juin 2011

De retour de Marseille ce matin, après une (belle) lecture des textes de Marco Ercolani et Lucetta Frisa...



avant la lecture
En compagnie de la comédienne Anne Houdy qui a bien voulu m'accompagner et qui aime beaucoup ces textes...
A la Librairie Apostille que tient Muriel Parrouffe en haut du cours Julien, à Marseille.
Non loin de la maison de ma grand-mère qui était partisane sur le marché aux fruits et légumes...il y a de ça longtemps.
Marseille, toujours aussi vivante, étonnante, ville jeune et très vieille, et la mer.

jeudi 9 juin 2011

18 juin à La Petite Librairie des champs

Prochain rendez-vous au moulin brûlé pour fêter l'été !

SOIRÉE MUSIQUE et POÉSIE
Samedi 18 juin 2011 à 18h

dans le cadre de la Petite Librairie des Champs

A partir de 18 heures la Petite Librairie ouvre ses portes:
- hommage à Joyce pour fêter le Bloomsday: apportez vos textes d'Ulysse dans la langue de votre choix
que nous lirons tout au long de la soirée.
- les nouveautés chez Cousumain présentées par Caroline Gérard: livres d'Eric Pessan et de Claude Favre.
- à 19h30: Performance de Claude Favre

Ensuite pique nique partagé tiré du sac !

- à 21h: concert avec le groupe ZICOSAURE composé de trois musiciens:
Eric, guitariste ; Régine, Basse, guitare et chant ; Paul, guitare, chant et saxo.
Au départ était le jazz...Puis, au fil des ans, un glissement s'est opéré...Le retour d'influences anciennes (bossa,..)
la création de textes sur des thèmes connus, puis des chansons composées et cousues main...

… et surprises plus tardives…

Rendez vous au moulin brûlé à partir de 18h. Participation 7 €.
le moulin brûlé, route de Mézoargues, 13150 Boulbon.



mercredi 8 juin 2011

Je ne suis plus l'absente, de Jacques Estager




l'on se penche, aux fenêtres, d'au-dessus; au-dessus:
d'un couple immobile, sur le verger, clair où le vent
ne passe pas, et eux se taisent; avant; et toujours le
long; au bord d'une aube; avant le jour transparent et
qui se déchire; alors immobiles eux après les heures
heureuses d'autour du premier jour pendant toujours
tout le jour autour de la première nuit;

Jacques Estager, Je ne suis plus l'absente, éditions Lanskine

mardi 7 juin 2011

Avec la terre, au bout, Georges Guillain


nouant un fil
au feu rompu
très grossier

je sais
maintenant barricadée ta bouche

quels bras resteront froids
puis les poignets

avec la terre
au bout

Georges Guillain, Atelier la Feugraie éditeur