mercredi 31 mars 2010

mardi 30 mars 2010

Pascal Quignard et Gherasim Luca


Le pas n'est pas un chemin. Ce n'est que le début d'un chemin.

La langue entre dans le passé, le présent et le futur comme un père chez son fils.

La langue est ce qui veille quand tout dort. Elle veille dans les rêves et elle rêve dans les livres. C'est dans ce sens qu'il faut dire: la langue dans les livres veille.
Elle tient la main devant la torche qu'elle tient; elle est silencieuse, elle veille.

Pascal Quignard, in Les Petits traités, tome II

La voici  
La voie 
Silanxieuse

Gherasim Luca, La voici la voie silanxieuse, José Corti ed.

vendredi 26 mars 2010

Les filles nées au printemps...de Sara Ferraglia



Les filles nées au printemps

ont des nuages dans la tête

et du vent dans les cheveux

les mains comme des nids

à remplir de songes

et de mers démontées

Le ragazze nate in primavera
hanno nuvole in testa
e vento nei capelli
Le mani come nidi
da riempire di sogni
e di mari in tempesta

Les filles nées au printemps

sont d'obstinées guerrières

inspirées par Mars

elles ont des flèches de lumière

et des carquois de lune

à leurs épaules légères.

Le ragazze nate in primavera
ostinate guerriere
ispirate da Marte
hanno frecce di sole
e faretre di luna
sulle spalle leggere.

Le ragazze nate in primavera
non invecchiano mai
e si vestono a festa,
con mazzetti di viole
fra ingrigiti capelli
per il tempo che resta.

Les filles nées au printemps

ne vieillissent jamais

et en habits de fête

ont des bouquets de violettes

dans leur cheveux gris

pour le temps qui reste.


Sara Ferraglia/ traduction Sylvie Durbec, ce poème se trouve sur le blog Viedellebelledonne.


jeudi 25 mars 2010

STAGE FABRICATION DE PAPIER LE 10-11-12 AVRIL A LA PETITE LIBRAIRIE





La PETITE LIBRAIRIE DES CHAMPS se permet de vous rappeler qu'elle prévoit l'organisation d'un stage de création de papier végétal au Moulin Brûlé à BOULBON, pour adultes et/ou enfants accompagnés de leur parent (à partir de 8 ans), et ce les 10,11 et 12 Avril, toute la journée.

Au programme: réalisation d'un filigrane, fabrication de papier à partir de papiers récupérés, ballade aux alentours pour glaner des plantes et des fleurs, création de papiers à base de végétaux. Une belle aventure à partager autour du livre, renseignements au 04 90 47 60 73/ 06 84 10 31 05

mercredi 24 mars 2010

Joseph Pacini, le 3 avril à la Petite Librairie des Champs


Sur la savane de tes cils bat un coeur de tam tam
Je guette le printemps à l'orée de tes lèvres
J'apprivoise ton être au-delà de la chair

Nos âmes nues se frôlent au partage du ciel
Goëlands en dérive
A la roche accrochée la bruyère frémit


Joseph Pacini, Le pays de haute mer, Jacques Brémond éditeur

mardi 23 mars 2010

Fleurs d'olivier...à Boulbon le 3 avril, à la Petite Librairie des Champs


 Chanson

La fillette au beau visage, 
la voici cueillant l'olive.
Le vent, ce galant de tours,
l'a prise par la ceinture.

Passent quatre cavaliers
sur des poulains andalous,
vêtus de vert et de bleu
sous leurs longues capes sombres.

"Viens donc à Cordoue, la belle."
la belle n'écoute pas.

Passent trois toréadors
à la taille bien cambrée; 
leurs vêtements sont orange
et leur épée d'argent vieux.

"Viens à Séville, la belle."
la belle n'écoute pas.

A l'heure où le jour se teinte
de violet et se fond
en tendre lueur diffuse, 
passe un homme qui porte
roses et myrtes de lune.

"Viens à Grenade, la belle."
La belle n'écoute pas.

La fillette au beau visage
cueille toujours ses olives,
avec le bras gris du vent
qui la serre par la taille.

Federico Garcia Lorca, Romancero Gitan

lundi 22 mars 2010

lundi 8 mars 2010

Départ pour Saorge avec les Carnets de Charles Juliet sous le bras, si mince livre et un guide sûr pourtant...


11 avril
     Pluie. Froid. Début d'angine.
     Alors que ces précédentes années je n'ai plus écrit de poèmes, il m'en est venu une vingtaine au cours de ces deux derniers jours. Ils ont trait à l'aventure intérieure, mais je ne sais ce qu'ils valent. A force de réduire, de dépouiller, je crains d'aboutir à des épures qui ne gardent rien de la terre dont ils émanent. Cependant il m'est impossible d'écrire différemment. L'extrême intensité ne peut se livrer que par une parole brève et nue. L'intensité dont il s'agit provient de la condensation qui se produit à l'instant de la saisie, à la seconde où l'oeil capte ce qui va se projeter dans les mots.)

Charles Juliet, carnets de Saorge, POL

dimanche 7 mars 2010

Marina Tsvetaeva, la langue et le poète


"Écrire des poèmes, c’est déjà traduire, de sa langue maternelle dans une autre, peu importe qu’il s’agisse de français ou d’allemand. Aucune langue n’est langue maternelle. Écrire des poèmes, c’est écrire d’après. C’est pourquoi je ne comprends pas qu’on parle des poètes français ou russes, etc. Un poète peut écrire en français, il ne peut pas être un poète français. C’est ridicule."
Lettre à Rilke

    Une danse
Dans les hauteurs! comme lorsqu'on sort
D'une clinique: d'abord la terre aggrave
Le danseur, puis ses jambes n'appuient plus
Sur rien. Fin du fond, et cependant dureté
Aussi solide que la glace! Loi universelle
Des absences: d'abord le ferme ne soutient
Plus, mais ensuite aucune chance de se laisser
Choir dans le lourd. Naiäde, Péri? Non pas!
La vieille paysanne de l'histoire du verger!
Chute ancestrale du corps qu'on précipite
A travers l'eau (Le choc dans l'onde,
L'éclaboussement, le fond sablonneux)
Déliaison absolue de la terre.
Troisième air - fin du plein.

M.T, Le poème de l'air, traduit par Jacques Darras, Le Cri/In'hui éd.

vendredi 5 mars 2010

Répétition du Miracle, Cole Swensen


Le  3 de Mars
(...)

Répétition du Miracle 

une si belle chance qu'une
merveille pût frapper -
                   la mort sur un simple regard
                   ou des triplés dans la rue des Anglais
                         et la permission demandée à l'Eglise
                         d'ouvrir la poitrine de l'homme qui avait pris feu
en se tournant pour répondre
                   "En l'air"                tout
ça                     où              nous étions
                      les ailes déchiquetées            attaqués
                                                                         et noyés
                                                                         au
milieu d'un après-midi de printemps. Les voisins regardaient
et se demandaient si quelque chose allait changer.
Cole Swensen, Si riche heure, José Corti ed.

jeudi 4 mars 2010

Ils m'ont enfermée dans la Prose, Emily Dickinson


Ils m'ont enfermée dans la Prose -
Comme lorsque petite Fille
Ils me mettaient au Cabinet noir -
Voulant que je reste"tranquille"-

Tranquille! S'ils avaient pu épier - 
et voir tournoyer - mon Cerveau -
Autant avoir mis au pilori
pour Trahison - un Oiseau -

Il suffit qu'Il le veuille -
Et léger comme l'Etoile
Se moque de sa Captivité -
Il ne m'en faut pas davantage - (613)

Une âme en incandescence, Emily Dickinson, traduction Claire Malroux, José Corti ed.

mardi 2 mars 2010

Holderlin, Roud et Séféris, Matthias Pascalis parmi les roses, Georges Séféris


Matthias Pascalis
parmi les roses

Nous demeurons sur place en attendant les ordres.
journaux de Bord

Le sommeil souvent me paraît moins lourd que cette veille
Sans compagnon, cette fiévreuse attente...Ah! Que dire encore? que faire?
Je ne sais plus - et pourquoi, dans ce temps d'ombre misérable, des poètes?
Holderlin (trad. Gustave Roud)
Je n'arrête pas de fumer depuis ce matin; 
Si je m'arrête les roses viendront me cerner
De leurs épines, de leurs pétales en pluie, m'étouffer.
Elles poussent de travers, toutes du même rose,
Elles regardent, guettent quelqu'un. personne ne passe.
A travers la fumée de ma pipe, je les observe
Sur leur tige lasse et sans parfum.
dans l'autre vie, une femme me disait: tu peux toucher cette main,
Elle est à toi, cette rose, elle est à toi, 
Tu peux la prendre
Maintenant ou plus tard, quand tu voudras.

Je descends les marches en fumant toujours.
Les roses descendent avec moi, exaspérées,
Et dans leur attitude, perce quelque chose de cette voix
A la racine du cri, quand l'homme se met à hurler:
"Mère!"
Ou "Au secours" ou les petits cris blancs de l'amour.

C'est un petit jardin plein de roses,
Quelques mètres carrés qui s'abaissent avec moi
tandis que je descends les marches, sans ciel.

Georges Séféris, Poèmes 1933-1955, Gallimard



lundi 1 mars 2010

Correspondance Gustave Roud-Philippe Jacottet


G.R à P.J

Carrouges, 2 nov. 65

Mon cher ami,
Des averses de soleil et de pluie alternent autour de notre maison de novembre et comme celle du général dans Rimbaud, elle est toute cernée par "l'essaim des feuilles d'or". Le grand tilleul en effet se dépouille sous les bourrasques - un faux incendie qui sans réchauffer le coeur le fascine. Depuis que j'ai reçu votre grand"sermon" dominical, je n'ai d'ailleurs plus besoin de ce réchauffement, tant la chaleur de votre message m'a apporté de réconfort: un réconfort durable qui me permet d'attendre sans perdre courage et de ne plus avoir le vertige devant une solitude devenue presque absolue par manque d'échanges avec le"monde", êtres et paysages. 
(...)
Votre
Gustave Roud