Plus que les îles faciles et douces aux enfants
c'est la mer qui se charge de nous ouvrir
le regard en trois
Trois quartiers? Trois îles d'or et de pierre blanche?
Dis, petite, que veux-tu?
Trois navettes ou trois bateaux sur l'eau?
Qui préfères-tu, ton père, ta mère ou la mer?
Garde-toi de répondre et couche-toi au fond du bateau.
Ma mère connaissait un homme amateur de cinéma au beau nom Benjamin
dont le père en 1925
était gardien sur l'ilôt d'If
voilà qui emporte plus loin que Miquelon
mon envie de fuir
Une amie projectionniste ambulante de cinéma me raconte qu'elle a un ami
qui va passer l'hiver dans le phare de la Gacholle
Mon père m'emmena avec lui sur la mer un jour de tempête.
Aucun bateau sauf le nôtre ne partait ce jour-là.
Aucun, sauf celui minuscule où nous embarquâmes bravement parce que mon père me l'avait promis.
De ce que je vis et connus, le sel et le froid, le vivant de l'amer,
mon père fut l'homme-fée. (...)
Dans le poème que j’écris depuis le commencement de Marseille sur ma peau
La lettre Z se promène
Sans queue ni tête dans mes mots
Les moments de folie les maux de tête aussi
Et c’est la lettre que je préfère
Finale de tous les rêves ensemble et de tous les livres
Conclusion hésitante entre l’enfance et la mort
Z est une porte ouverte entre la mer et l’océan les oiseaux dansent sur une île
Z s’y promène nue
Je n’ai plus d’anneau autour de la taille
Marseille n’entoure plus mes os comme un anneau
Mais la lettre Z résiste sur ma peau
Elle est le commencement du poème et la fin du commencement
Elle seule est Marseille et Orient Asie et Finlande
Je chante la lettre et le mot absent dans la lettre
Je chante l’absence des mots et la présence des lettres
Tout mon squelette on le verra
Est tatoué de lettres
Clic cloc clac ça fera
Et ce seront des Z
Comme un jazz assourdissant de Marseille
Qu’on entendra
Quand SD mourra
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