jeudi 18 février 2010

Mais l'infinie fidélité des oiseaux...Gustave Roud


Mais l'infinie fidélité des oiseaux...

Dès l'enfance, le royaume de leur chant et de leur vol ouvert comme un miséricordieux refuge! Les déserts d'une âme sans voix soudain peuplés de leur voix, le poète racheté de son silence quand la jubilation des alouettes émeut le ciel jusqu'à sa cime. Un seul merle dans la haie encore  nue effaçait l'hiver. Et qu'une fauvette chante à l'aube, ivre, sous l'averse de juin, le noir greffier du petit jour, notre bourreau, cesse aussitôt de requérir, de torturer, se dissout et s'écoule au fil de l'ombre.
Leur fidélité, leur familiarité, leur pitié délicate! Et leur détresse, parfois, soeur profonde de la vôtre. C'est elle qui fait d'eux vos messagers, nos guides, toujours prompts à prendre le relais de vos longs signaux exténués.

G.Roud, in Requiem, Air de la solitude, Poésie/Gallimard

(Ici passe l'ombre de Leopardi. Lui aussi aimait les oiseaux.)

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