Don de l'amitié, le livre, dernier publié de Sebald, posé sur la table est une manière de renouer avec lui vivant, ce grand vivant solitaire, arpenteur de terres mais aussi de mots, de vies et de morts. Si proche et si définitivement perdu. Invisible parmi les invisibles, il a rejoint Walser et Hölderlin.
Lire quelques lignes échappées du livre transmet une présence si forte et réelle que l'on se surprend à parler avec lui. Lui, le livre, lui, Sebald.
Témoin, ce début de discours de réception à l'Académie Allemande:
Né en 1944 en Allgäu, j'ai mis un certain temps à prendre conscience de la destruction qui marquait le début de ma vie et à la comprendre quelque peu. J'ai commencé à entrevoir, je crois, ce qu'avait été notre effroyable passé une nuit de la fin des années 1940, lorsque la scierie du Plätt brûla et que tout le monde sortit des maisons en bordure du village pour regarder avec ébahissement les gerbes de flamme qui montaient très haut dans la nuit noire...
Il y a des livres qui ne nous laissent pas et ceux de Sebald en font partie, comme une longue pérégrination partagée, à chercher la réponse à une question lancinante: A quoi bon la littérature?
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