Un éclairement dans les buissons, du firmament dans les murs : abréger le récit. Contre un agglomérat d'épines et de ronces, leurs phrases interminables.
mardi 31 août 2010
Nathalie Riera: Carnet de campagne II, la rosée sur les ronces l'enfance
Un éclairement dans les buissons, du firmament dans les murs : abréger le récit. Contre un agglomérat d'épines et de ronces, leurs phrases interminables.
lundi 30 août 2010
On ne part pas, Guy Calamusa/Encres sur papier de riz, Claude Esteban
mercredi 25 août 2010
Chaussures vides/Scarpe vuote
Chaussures vides/Scarpe Vuote de Sylvie Durbec
Critique à paraître prochainement dans la revue Traversées à propos de :
Chaussures vides / Scarpa vuote de Sylvie Durbec. Illustration de couverture Bastien Ridard. Editions Les Carnets du Dessert de Lune. Juin 2010. Collection Pleine Lune. 56 pages. Format 14 x 17 cm . ISBN 9782930235981. 11 €.
Deux températures/ tempéraments dans ce recueil de Sylvie Durbec publié aux éditions Les Carnets du Dessert de Lune en 2010. Un premier versant nocturne illuminé d’onirisme et de fantastique, tout imprégné des montagnes de Saorge. Un second versant, diurne mais de ces jours d’absence à pas comptés et décomptés, rythmés par les pieds et leur attributs.
(...)
Les Nuits de Saorge
Dans le pan des nuits s’invite l’imaginaire des songes et des contrées parcourues sans enclaves et sans limites. La nuit de Sylvie Durbec « est simple comme traverser à gué des frontières par temps clair ». Mais lorsque la nuit se marie à la montagne, elle crée comme un nouveau pays « aux règles indécises », « de la couleur invisible du temps ». Les nuits de la poète s’y succèdent, comme seuls vrais fractions de vie, datées, épinglées dans ce carnet de visions attendues en contrebas des silhouettes escarpées de roches et d’arbres.
Les nuits de Saorge sont lieu de rêves incarnés de toutes les mythologies d’enfance : d’ange bleu aux merveilles orientales (du Tibet à Tabriz ). Des nuits si belles aussi car elles côtoient une violence qui avive ou ravive les feux enfouis dans le jour. « Que s’est-il passé de criminel et de sauvage dans la forêt qui me fait face ?». Les marges, les frontières, les interdits disparaissent et ainsi permet cette pure liberté qui peuple le rêve et nourrit nos sagesses ou leur ressemblance.
(...)
On ne sort des nuits de Saorge que de deux manières : par le réveil et par la descente dans la plaine. Et c’est dans ce qu’on quitte qu’on découvre enfin ce qui nous y nourrissait.
Par l’éveil : « le cavalier s’est endormi dans la descente des halliers et la jeune fille sur ton épaule appuyée entraîne avec elle tout un pan du paysage qui lentement s’écroule. (…) L’Orient se déploie en toute liberté et ta nuit se colore de ce bleu si particulier à l’Iran où tu n’es jamais allée ».
Par la plaine : « qui dira la perte de ce qui ne fut pas mais à peine une terre / où/ écrire manger avait la douceur de ce qui ne pèse pas à l’âme ni aux os (…) »
(...)
Chaussures vides / scarpe vuote.
Déjà dans un précédent recueil – Comme un jardin (bleu), aux éditions Potentille - Sylvie Durbec évoquait dès le premier texte l’image rémanente de ces chaussures vides. Ce sont les mêmes chaussures qui reviennent hanter ce recueil auquel elles ont donné son titre.
« Où partent les morts, demande Emily Dickinson, petite./ On lui répond qu’ils sont partis en visite. / Très loin. Ailleurs. / Et moi qui ne suis plus petite mais presque vieille, / je ne connais pas de réponse à cette question. / Je vois la penderie et la chemise sur son cintre, / les chaussures rangées pour des pieds absents/ »
A partir de cet incipit, le motif du pied, nu, chaussé, déchaussé, des chaussures et des pas va s’égrener de textes en textes explorant quelques-uns des paysages de l’absence. Des plus ordinaires aux plus terribles où plane notamment l’ombre de Breendonck, ce camp de concentration nazi belge où la poète entend encore « le pas des hommes perdus ».
Les chaussures s’avèrent être des vêtements qui épousent la personnalité, lui donne la grâce de la liberté, du voyage, de l’Orient conté et fantasmé. Elles masquent une nudité intimidante :
« Depuis l’enfance, je regarde mes pieds, /me demande si je les reconnais / ou / s’ils me sont des étrangers. / Je n’ai pas de réponse, / alors je les glisse dans des souliers. »
Comment ne pas, avec la poète s’émouvoir de ces figures qui nous évoquent et la vie libre et la mort atroce, comment ne pas être touchés au cœur par la question :
« Où sont passés les sentiments ? / Dans nos pieds. / Dans nos souliers. / Dans nos vêtements vidés de nous-mêmes. »
Une leçon de sur le corps, sur son vêt le plus commun : ces chaussures si personnelles qu’elles ne se délacent jamais des pieds qui les portèrent.
© Florence Noël. Revue Traversées
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Lorenzo Pittaluga, 1967-1995
vers la lenteur, dessine les contours
de mon visage et la lumière le traversera
là où vit l'oiseau sans nom.
POETE
Il nait aux alentours de Gênes, le 24 mai 1967.
Son père meurt d’une tumeur au poumon quand il est âgé de 9 ans, la mère d’une crise d’urémie, après une hospitalisation en psychiatrie, quand il a 15 ans. Il vit depuis tout petit avec une vieille tante bigote. A 17 ans, premier délire : en pleine nuit, dans son village natal, il erre d’une maison à l’autre, frappe à la porte et crie qu’il est un saint. Quelques mois après, première tentative de suicide.
Il rédige des carnets introspectifs, des récits symboliques, des aphorismes, des poèmes. Alternent les périodes d’internement et de brefs épisodes d’explosion créative. Il parvient, en période d’exaltation créative, à écrire neuf poèmes par jour. Il les écrit à la main, ne sachant pas se servir d’une machine à écrire. Refuse de corriger les moins bons et les détruit. Il fume, boit et écoute des chanteurs italiens, enfermé dans sa chambre aux murs couverts d’images religieuses. Son premier livre, en 1987, a pour titre une phrase de Rimbaud : arcs en ciel tendus comme des rênes. Ce sont des proses brèves, voire très brèves, parmi lesquelles la Crucifixion où il décrit un Christ-Messie qui apparaît soudainement dans une ville de province et s’assoit sur une barrière, vomissant de l’ammoniaque. En 1989, il publie sa première plaquette de poésie : Notes marginal s d’un ventriloque de province, et vont suivre d’autres recueils, Poésie du premier jour, Arc du fleuve, et son premier volume de vers : Les heures de la soif.
Tous les matins, il les passe en hôpital de jour, écrivant des histoires et des poèmes avec son psychiatre. Il lit de manière désordonnée : Trakl, Luzi, Campana. Il essaie de travailler comme pâtissier, mais seulement quelques mois : fréquents malaises et évanouissements. Dans les dernières années, les tentatives de suicide augmentent : en tout, seize.
Quand il est très dépressif, il se réfugie dans l’alcool. Il tente de vivre, pendant de brèves périodes, dans des communautés religieuses. Il quitte définitivement son travail. Toujours plus distrait, troublé, indécis. Les hallucinations augmentent. A son psychiatre, il ordonne : « Dis-moi que je suis Dieu ou tu ne sors pas vivant d’ici ! ». Le psychiatre se tait et lui, le gifle violemment.
Obsédé par l’écriture, il a le projet d’un livre de poésie avec des photographies de son frère. En décembre 1995, durant le énième internement, il fait semblant d’aller mieux, demande une permission de sortie, monte au dixième étage et se jette dans le vide. Quelques mois plus tard, paraît, à titre posthume, son dernier livre, L’indulgence. Trois ans plus tard, sa tante meurt, brûlée vive dans l’incendie de sa maison.
lundi 23 août 2010
Actualité littéraire: Supervielle, l'homme de la pampa
jeudi 19 août 2010
Bleu, pour Louise Bourgeois
Louise est la forme féminine du prénom Louis.
Bourgeois a un féminin, mais c’est ici le patronyme de l’artiste et en français il ne s’accorde pas avec la personne qui le porte.
Car Louise Bourgeois est une femme, une artiste, la fille d’un homme, la fille d’une femme.
La maison dans laquelle elle a vécu enfant a été détruite et remplacée par un théâtre.
Un temps cette femme a travaillé sur sa terrasse qu’elle utilisait comme un atelier, à new York.
Cette femme a gardé son nom d’enfant française, même lorsqu’elle s’est mariée à un homme américain.
C’est un élément à prendre en compte.
Elle a eu des fils.
Uniquement des fils.
Et a continué à porter son nom de fille du père : Louise Bourgeois.
On l’a montrée tenant un phallus géant et riant avec malice.
Louise Bourgeois, la déplacée, dit d’elle Jean Frémon.
SD, inédit, Louis Soutter/Louise Bourgeois
mercredi 18 août 2010
As pres lo camin, Aurélia Lassaque
As pres lo camin del país de nuèch.
Lo desèrt i es de gèl
E las estèlas se languisson.
Obris tos braces e cava,
La posca serà ton pan,
T’abeuraràn nòstras lagremas.
Vai, vai e t’entornes pas.
S’ausisses udolar la peira,
Es que s’i gravan las letras de ton nom.
Tu as pris le chemin du pays de nuit.
Le désert y est de gel
Et les étoiles s’ennuient.
Ouvre tes bras et creuse,
La poussière sera ton pain,
Tu t’abreuveras de nos larmes.
Vas, vas et ne te retourne pas.
Si tu entends hurler la pierre,
C’est qu’on y grave les lettres de ton nom.
Aurélia Lassaque, 2010.
mardi 17 août 2010
Distraction des poètes, mimy Kinet
Que disait-elle? Qu'entendait-il?
vendredi 13 août 2010
Du bruit dans les arbres, Christian Garcin
Quand j'étais enfant, j'étais un fou des arbres, je passais mes journées à grimper dans les platanes et les poiriers, à y jouer avec ma soeur et ses amies, et je m'arrangeais toujours pour y monter le dernier afin de voir leurs culottes souillées. Nous y passions du temps, Denver, ses amies et moi, abrités derrière les rideaux de feuillages, goûtant les biscuits que nous avions chipé à la bonne, et nous riions des jeux de lumière à travers les branchages et du vent qui sifflait parfois en longues rafales tièdes, nous élisions chaque fois un arbre différent, le parc était très vaste et la bonne nous cherchait Montrez-vous ou vous serez privé de goûter, tu parles, le goûter, nous l'avions déjà pris(...)
jeudi 12 août 2010
Francis Ponge, pour l'espoir et la langue,
mercredi 11 août 2010
LE GRAND GARCON, Pierre Présumey, un grand beau texte

Le grand garçon nous a laissé
mardi 10 août 2010
Des voix sous les pierres / Edgar Lee Masters(1868-1950)
Les épitaphes sous les pierres
dimanche 8 août 2010
Une naissance, la revue, Diptyque animée par Florence Noël
samedi 7 août 2010
Deuxième anniversaire de la Petite Librairie des Champs le 25 et 26 septembre
vendredi 6 août 2010
Du 3 au 30 septembre à Genova, Nous, ceux de la parole toujours en marche
NOUS, CEUX DE LA PAROLE TOUJOURS EN MARCHE
Commissaire de l’exposition : Gustavo Giacosa - Association Culturelle ContemporArt
Avec le soutien de la Région ligure, de la Province de Gênes et de la Ville de Gênes
Gênes, Musée-théâtre de la Commenda di Pré
3 au 30 septembre 2010
mardi – vendredi 10.00 – 17.00
samedi- dimanche 10.00- 19.00
Nous les sans voix,
Nous, les sans visage,
Nous ceux de la parole toujours en marche…
Gustavo Giacosa danse depuis des années sur ces vers du sous-commandant Marcos qui concluent le spectacle Guerra de la compagnie Pippo Delbono. Comme un mantra, ce poème lui sert de guide pendant les tournées internationales dans sa recherche des écritures laissées sur les murs des villes, manifestes poétiques anonymes dont il s’efforce de retracer l’histoire en redonnant voix et visage à leurs auteurs.
La Commenda di Pré, lieu créé pour recevoir voyageurs et pèlerins, ouvert à Gênes pour relier peuples et cultures, accueille le résultat de cette recherche menée à travers l’œuvre de 6 artistes extraordinaires hors norme : Babylone, Giovanni Bosco, Helga Goetze, Oreste Fernando Nannetti, Melina Riccio et Carlo Torrighelli.
De Gênes à Castellammare del Golfo, de Volterra à Milan, de Berlin à une lointaine île des Comores, cette exposition nous invite à la découverte du paysage mental de penseurs singuliers et de graffitis qui s’inscrivent dans notre univers urbain.
Inauguration: vendredi 3 septembre, à 18.00
Evénements liés à la manifestation (entrée libre) :
samedi 4 septembre, Théâtre du Musée de la Commenda di Prè 10.00 – 14.00
Rencontre : “La parole en chemin: réflexions sur de l’errance du langage”.
Participeront : Régis Airault (psychiatre), Bianca Tosati (historienne d’art), Karin Pott (galeriste), Giulio Calegari (archéologue), Marco Ercolani (psychiatre et écrivain), Sylvie Durbec (écrivain), Alessandro Del Lago (sociologue), Franco Ruffini (historique du théâtre).
Samedi 11 septembre, à 20.00: Laura Catrani (soprano) présente : « Vox in femina. La femme et la poétique de la folie »
Samedi 18 septembre à 17.00: Gabriele Mina présente son documentaire “Lumières suspendues. L’oeuvre irréductible de Mario Andreoli” .
dimanche 1 août 2010
Camin dau puput/la huppe de Virginia
Un peu plus loin de la huppe et de la mer
avec tout de même les chevilles humides
s’arrête sur le mot mort puis sur le mot âge
la vieille Virginia et déclare : quand ça vient entre
c’est une vilaine affaire quand ça vient
entre les familles ça les coupe ce serait mieux
de ne pas
ou d’avoir simplement un an ou deux de différence
entre les mères et leurs filles les pères et les fils
ce serait plus facile que la mort n’entre pas
on pourrait sortir tous ensemble en bord de mer
faire des fêtes de nourriture et danser et rire
et puis on la laisserait venir mais après avoir
beaucoup alors ça suffirait ça pourrait mais pas avant
non