Chaussures vides/Scarpe Vuote de Sylvie Durbec
Critique à paraître prochainement dans la revue Traversées à propos de :
Chaussures vides / Scarpa vuote de Sylvie Durbec. Illustration de couverture Bastien Ridard. Editions Les Carnets du Dessert de Lune. Juin 2010. Collection Pleine Lune. 56 pages. Format 14 x 17 cm . ISBN 9782930235981. 11 €.
Deux températures/ tempéraments dans ce recueil de Sylvie Durbec publié aux éditions Les Carnets du Dessert de Lune en 2010. Un premier versant nocturne illuminé d’onirisme et de fantastique, tout imprégné des montagnes de Saorge. Un second versant, diurne mais de ces jours d’absence à pas comptés et décomptés, rythmés par les pieds et leur attributs.
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Les Nuits de Saorge
Dans le pan des nuits s’invite l’imaginaire des songes et des contrées parcourues sans enclaves et sans limites. La nuit de Sylvie Durbec « est simple comme traverser à gué des frontières par temps clair ». Mais lorsque la nuit se marie à la montagne, elle crée comme un nouveau pays « aux règles indécises », « de la couleur invisible du temps ». Les nuits de la poète s’y succèdent, comme seuls vrais fractions de vie, datées, épinglées dans ce carnet de visions attendues en contrebas des silhouettes escarpées de roches et d’arbres.
Les nuits de Saorge sont lieu de rêves incarnés de toutes les mythologies d’enfance : d’ange bleu aux merveilles orientales (du Tibet à Tabriz ). Des nuits si belles aussi car elles côtoient une violence qui avive ou ravive les feux enfouis dans le jour. « Que s’est-il passé de criminel et de sauvage dans la forêt qui me fait face ?». Les marges, les frontières, les interdits disparaissent et ainsi permet cette pure liberté qui peuple le rêve et nourrit nos sagesses ou leur ressemblance.
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On ne sort des nuits de Saorge que de deux manières : par le réveil et par la descente dans la plaine. Et c’est dans ce qu’on quitte qu’on découvre enfin ce qui nous y nourrissait.
Par l’éveil : « le cavalier s’est endormi dans la descente des halliers et la jeune fille sur ton épaule appuyée entraîne avec elle tout un pan du paysage qui lentement s’écroule. (…) L’Orient se déploie en toute liberté et ta nuit se colore de ce bleu si particulier à l’Iran où tu n’es jamais allée ».
Par la plaine : « qui dira la perte de ce qui ne fut pas mais à peine une terre / où/ écrire manger avait la douceur de ce qui ne pèse pas à l’âme ni aux os (…) »
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Chaussures vides / scarpe vuote.
Déjà dans un précédent recueil – Comme un jardin (bleu), aux éditions Potentille - Sylvie Durbec évoquait dès le premier texte l’image rémanente de ces chaussures vides. Ce sont les mêmes chaussures qui reviennent hanter ce recueil auquel elles ont donné son titre.
« Où partent les morts, demande Emily Dickinson, petite./ On lui répond qu’ils sont partis en visite. / Très loin. Ailleurs. / Et moi qui ne suis plus petite mais presque vieille, / je ne connais pas de réponse à cette question. / Je vois la penderie et la chemise sur son cintre, / les chaussures rangées pour des pieds absents/ »
A partir de cet incipit, le motif du pied, nu, chaussé, déchaussé, des chaussures et des pas va s’égrener de textes en textes explorant quelques-uns des paysages de l’absence. Des plus ordinaires aux plus terribles où plane notamment l’ombre de Breendonck, ce camp de concentration nazi belge où la poète entend encore « le pas des hommes perdus ».
Les chaussures s’avèrent être des vêtements qui épousent la personnalité, lui donne la grâce de la liberté, du voyage, de l’Orient conté et fantasmé. Elles masquent une nudité intimidante :
« Depuis l’enfance, je regarde mes pieds, /me demande si je les reconnais / ou / s’ils me sont des étrangers. / Je n’ai pas de réponse, / alors je les glisse dans des souliers. »
Comment ne pas, avec la poète s’émouvoir de ces figures qui nous évoquent et la vie libre et la mort atroce, comment ne pas être touchés au cœur par la question :
« Où sont passés les sentiments ? / Dans nos pieds. / Dans nos souliers. / Dans nos vêtements vidés de nous-mêmes. »
Une leçon de sur le corps, sur son vêt le plus commun : ces chaussures si personnelles qu’elles ne se délacent jamais des pieds qui les portèrent.
© Florence Noël. Revue Traversées
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Come mai il titolo anche in Italiano?
RépondreSupprimerVero, verissimo...i nostri piedi ne hanno viste tante! ( non parlo solo di scarpe!!)
Sara Ferraglia
Cara Sara, si é in italiano, una parte del titolo, ma c'é un errore nel blog, scarpe vuote, le due...Non é tradotto ancora in italiano.
RépondreSupprimerChi sa? Sono a Genova la settimana prossima via Prè per l'espozione e il colloquo sulle scriture della follia.