Plus que jamais, en ces temps difficiles, la poésie. L'écriture de Robert Walser est une amie dont la compagnie ne déçoit jamais, au contraire. Promenons-nous ce matin en Suisse avec lui et rêvons comme lui, devant toutes les chose du chemin, offertes simplement à celui qui passe et les regarde.
"Tandis que j'allais mon chemin tel un voyou amélioré, un vagabond, un maraudeur, fainéant ou chemineau plus raffiné, longeant toutes sortes de confortables jardins regorgeant de légumes satisfaits, longeant des fleurs et des parfums de fleurs, longeant des arbres fruitiers et des pieds de haricots couverts de haricots, longeant de hautes céréales épanouies telles qu'avoine, seigle ou froment, longeant un entrepôt de bois avec du bois et de la sciure de bois, longeant de l'herbe grasse et le gracieux gargouillis de rigoles, d'une rivière ou d'un ruisseau, côtoyant doucement et joliment toutes sortes de gens comme de gentilles marchandes vaquant à leur négoce, et passant tout aussi bien devant le siège d'une association gaiement pavoisé de joyeux drapeaux (...) , devant un spécimen particulièrement beau de pommier des fées et devant Dieu sait quoi encore, par exemple des fleurs de fraisiers, ou, déjà mieux, gentiment devant des fraises mûres et rouges tandis que toutes sortes de pensées m'agitaient fortement, parce que, en promenade bien des idées soudaines, éclairs de lumière et illuminations éclairantes, se produisent (...), voilà que vient à ma rencontre un être, un colosse et un monstre qui me cacha presque complètement de son ombre la rue ensoleillée, un type tout en hauteur et inquiétant que je ne connaissais que trop, un drôle de pistolet vraiment, j'ai nommé le géant Tomzack."
R.Walser, La promenade, folio bilingue, traduction B.Lortholary
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